Quand on veut lancer son entreprise, la première chose que l’on demande est : « où est le business plan ? » suivie ensuite par « où sont les fonds nécessaires à votre projet ? ».
Mais est-ce vraiment ainsi que les entrepreneurs d’aujourd’hui créent leurs start-ups ? La chercheuse américaine Saras Sarasvathy s’est penchée sur le sujet en interrogeant des dizaines d’entrepreneurs et en étudiant leur raisonnement. De ses travaux est né le concept d’effectuation.
De la création d’entreprise en mode inversé
L’effectuation part d’une démarche opposée à l’approche classique du créateur d’entreprise qui a une idée, conçoit son business plan en conséquence et recherche des fonds avant de se lancer. Cette démarche est causale. Elle part du but pour déterminer les actions à mettre en place pour l’atteindre. L’effectuation prend le problème dans l’autre sens sans se préoccuper de prévision.
Les 5 grands principes de l’effectuation
- « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras » : L’effectuation veut que les ressources définissent le but, et non l’inverse. L’entrepreneur part de ce qu’il est (sa personnalité), ce qu’il possède (sa connaissance), ce qui l’entoure (son réseau) pour trouver une idée et construire son projet. Il va partir de quelque chose qui lui est familier, comme par exemple, de trajet en voiture seul d’un point à un autre pour une idée de covoiturage.
- La notion de « perte acceptable » plutôt que le gain prévisionnel. L’entrepreneur détermine ce qu’il peut risquer pour lancer son projet et se donne des échéances. Par exemple, quelqu’un au chômage pourra décider d’une période donnée pour se lancer où il choisit de ne pas reprendre d’emploi.
- Le « Patchwork fou » : En général, on étudie la concurrence lorsqu’on veut se lancer. Dans l’effectuation, l’entrepreneur va chercher des partenaires au gré des opportunités que ce soit un contact qui pourra lui fournir un service ou un client qui lui propose un axe d’amélioration.
- « La limonade ». Ce principe est de faire avec ce qu’on, a au gré des surprises. On ne craint pas l’imprévu, on en profite pour développer son projet. « Si la vie t’apporte des citrons, fais-en de la limonade ».
- « Le pilote dans l’avion », c’est l’inversion d’une logique de prédiction à une logique de contrôle. L’entrepreneur guide son entreprise en fonction des opportunités, non pas en fonction des prévisions. Il privilégie l’action à l’analyse et se laisse porter par ce qu’il découvre sans essayer de tout prévoir à l’avance.
L’effectuation décrit le processus par lequel passent grands nombres d’entrepreneurs à l’inverse des croyances aux génies qui trouvent « L’Idée Géniale ». L’entrepreneur est le point de départ de la création de l’entreprise qu’il va développer par ses actions au gré des opportunités et des rencontres qu’il va faire. En suivant cette logique, chacun peut développer son entreprise en sachant tirer profit des aléas rencontrés tout au long de son parcours.
L’effectuation se rapproche d’autres démarches de management où l’action et la confrontation continue à la réalité prend le pas sur la prévision, tels que le lean management ou le design thinking.