innovation frugale

Le principe d’innovation frugale, par Navi RADJOU

Le processus d’innovation tel qu’on le conçoit habituellement implique en général un fort investissement en compétences et en ressources. Le terme d’innovation frugale peut donc sembler être un oxymore, mais ce n’est pas le cas. Il s’agit essentiellement d’une remise en cause d’un certain mode de pensée, essentiellement occidental, selon lequel il faut nécessairement mettre beaucoup de moyens pour obtenir quelque chose de vraiment nouveau.
L’innovation frugale, concept inspiré du Jugaad indien, consiste à produire des solutions ou des approches innovantes avec une économie de moyen.
En quoi est-elle adaptée aux besoins de notre société ?

La remise en cause du modèle occidental

Il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour se rendre compte que le modèle d’innovation occidental est couteux. Les dépenses en recherche et développement (R&D) s’élevaient à 647 millions de dollars en 2014. Pourtant, les processus de fabrication continuent à être terriblement gourmands en ressources. A titre d’exemple, 10000 litres d’eau sont aujourd’hui nécessaires pour produire un jean. Vous avez dit frugalité ?
Les occidentaux peuvent éprouver certaines difficultés à systématiser le changement. Pour le dire autrement, ils peuvent manquer d’agilité, et même d’imagination. Ces qualités sont parfois peu présentes dans certains domaines de l’industrie, même si elles le sont dans les nouvelles technologies par exemple. Le modèle en matière d’innovation semble être désormais Google et moins Siemens.

Comment faire plus avec moins

Un grand nombre d’initiatives de type « innovation frugale » viennent des pays en développement. En Afrique par exemple, même si 30% de la population n’a pas accès à l’eau courante, près de 80% dispose d’un téléphone portable. De nombreux usages s’y sont développés, comme par exemple les micro-paiements par mobile. La société M-Kopa propose ainsi des forfaits de 365 micro-paiements de 45 centimes pour les téléphones pour payer l’énergie.
La science a besoin aussi d’appréhender l’innovation frugale, en développant des simulations plutôt que des prototypes. Les consommateurs sont réceptifs à l’idée de moins consommer. Les employés cherchent de leur côté à travailler pour des entreprises qui prennent leurs responsabilités : 67% d’entre eux veulent travailler pour une entreprise responsable.
Le consommateur devient un consom’acteur. Il devient activement partie prenante d’une économie du partage en plein essor. De 15 millions de dollars en 2013, elle représentera 20 fois plus en 2025.

De nouveau modèles, actifs et légers

Le modèle de la frugalité efficace se répand dans les entreprises, et devient même un business model. Airbnb est devenue la 5ème chaine d’hôtels au monde en permettant aux gens de partager leur habitation. Le président Obama se présente comme le chantre du DIY (Do It Yourself, le faire soi-même) en présentant chaque citoyen américain comme un inventeur potentiel.
Le principe de frugalité a lancé le mouvement des « makers », des fablabs ou encore des techshops : autant de nouvelles graines desquelles vont germer l’économie de demain.

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